"La révolution ? T’as qu’à la regarder à la télé!", lance Farraj à Anna quand les premières manifestations éclatent en Egypte en janvier 2011. Alors qu’un grand chant révolutionnaire s’élève de la place Tahrir, à 700km de là, au village de la Jezira, rien ne semble bouger.
C’est par la lucarne de sa télévision que Farraj va suivre les bouleversements qui secouent son pays. Pendant trois ans, un dialogue complice se dessine entre la réalisatrice et ce paysan égyptien : lui, pioche sur l’épaule, elle, caméra à la main. Leurs échanges témoignent du ballottement des consciences et des espoirs de changement. Un voyage politique au long cours, profond mais aussi plein de promesses pour le peuple égyptien
Je suis le Peuple
2014
format
1h52
Partenaires
Haut les mains
CNC
Île de France
Région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine
Institut Français
SCAM
Périphérie
GNRC (Groupement National des Cinémas de Recherche)
Production
Narratio Films
Haut les Mains
Réalisatrice
Anna Roussillon
Je suis le Peuple
"La révolution ? T’as qu’à la regarder à la télé!", lance Farraj à Anna quand les premières manifestations éclatent en Egypte en janvier 2011. Alors qu’un grand chant révolutionnaire s’élève de la place Tahrir, à 700km de là, au village de la Jezira, rien ne semble bouger.
C’est par la lucarne de sa télévision que Farraj va suivre les bouleversements qui secouent son pays. Pendant trois ans, un dialogue complice se dessine entre la réalisatrice et ce paysan égyptien : lui, pioche sur l’épaule, elle, caméra à la main. Leurs échanges témoignent du ballottement des consciences et des espoirs de changement. Un voyage politique au long cours, profond mais aussi plein de promesses pour le peuple égyptien
Site du film
Prix Reçu
EQUIPE
Réalisateur, Image & Son : Anna Roussillon / Son additionnel : Térence Meunier / Montage son et mixage : Jean-Charles Bastion / Etalonnage : Alexandre Sadowsky / Producteurs : Malik Menaï, Karim Aitouna & Thomas Micoule
Nominé aux Festivals
Média
« Je suis le peuple », c’est aussi une chanson d’Oum Kalthoum qui dit notamment :
« J’ignore l’impossible, je ne préfère rien à l’éternité, mon pays est ouvert comme le ciel, il embrasse l’ami et efface l’intrus. » Belle introduction pour entrer dans l’univers du documentaire réalisé par Anne Roussillon. Cette dernière a d’abord eu l’intelligence du lieu et du moment. Etre à Louxor chez des paysans quand Le Caire est en révolte, c’est comme être à Marseille chez des pêcheurs du Vieux Port en 1789. Il y a d’abord ici une façon d’être à la bonne place, au bon endroit. Non pas sur le lieu même, mais non loin, dans cette zone périphérique qui rend les choses et les situations proches et pourtant distantes, réelles et presque virtuelles, tangibles et télévisuelles. La Révolution dans son sang et non dans son cœur, histoire de faire le tri. Ferraj, le protagoniste, devenu ami de la réalisatrice depuis 2009, deux ans avant la Révolution, est le parfait médiateur. A la fois acteur et spectateur, il devient rapidement le chœur d’un film qui entend bien ne rien cacher des allers et retours d’un sentiment national confronté au vent de la liberté.
Ici, c’est l’Egypte et que nul ne l’oublie. Les paysans semblent être les dépositaires de cette Histoire unique en son genre, d’une civilisation à nulle autre pareille. Chacun le sait, chacun le sent. Y compris le commentateur télévisé d’une parade militaire de l’armée égyptienne : « la première dans l’Histoire ». Brusquement Pharaon et son peuple apparaissent. Pas question alors de croire qu’on peut aller plus vite que la musique. Que les donneurs de leçons démocrates se calment un peu. Qu’on laisse un peu de temps au temps. Et surtout qu’on ne vienne pas dire pour qui il faut voter. L’extrême liberté de ton et de parole dont font preuve Farraj, les siens et ses amis sidère le spectateur. Anna Roussillon signe ici une magnifique film politique et citoyen, une belle page sur une humanité.
Laurent Dalmas - France Inter
14 mai 2015